L’actuel agent pénitentiaire, qui cumule les tâches de sécurité et d’accompagnement du détenu, ne peut plus tout faire, estime le gouvernement. Il faut professionnaliser ces tâches. L’administration pénitentiaire va profiter de la nouvelle prison de Haren pour lancer deux nouveaux types d’agent, deux nouveaux métiers. Le syndicat, qui n’a pas encore été consulté, craint une différence de statut entre les deux.
C’était écrit dans la déclaration de politique générale du gouvernement De Croo et déjà dans les cartons du ministre Geens : on va créer deux nouveaux métiers dans les prisons : assistant de sécurité et accompagnateur de détention.
> L’assistant de sécurité se concentrera sur les tâches de contrôle et d’observation. Il travaillera principalement au contrôle d’accès et à la surveillance, par exemple lors des visites, des promenades au préau. Il contrôlera les images des caméras de surveillance, etc. « Cette tâche devient de plus en plus complexe sur le plan technique et revêt une importance élémentaire », indique Hilde Guffens, ancienne directrice de prison, chef de projet pour l’administration pénitentiaire.
> L’accompagnateur de détention se concentrera davantage sur l’accompagnement et la motivation des détenus. C’est lui aussi qui rendra des avis sur les trajets de détention et de reclassement.
Actuellement, les 6.300 agents pénitentiaires effectuent les deux tâches. Il arrive que des agents ne soient affectés qu’à des tâches dites froides (surveillance des caméras, accueil des visiteurs…) sans avoir de contact avec les détenus. Mais au final, tous les agents font le même métier, suivent la même formation et sont tous payés de la même façon.
Tout cela va donc changer. Officiellement, pour les nouveaux agents qui seront recrutés pour la nouvelle prison de Haren (près de Bruxelles) et qui ouvrira ses portes à l’automne 2022. « Pour le personnel des prisons existantes, cette nouvelle approche ne sera pas encore immédiate », nous dit l’administration pénitentiaire. Le « pas encore » laisse entendre que ça se produira à moyen terme.
Plusieurs choses motivent cette nouvelle approche : mieux accompagner le détenu à son retour dans la société pour limiter la récidive, mieux le connaître pour anticiper les tensions et les éventuels problèmes de sécurité au sein de la prison et, selon l’administration pénitentiaire, recruter davantage d’agents.
Une nouvelle formation de base est en cours d’élaboration. Les écoles secondaires et les services de l’emploi seront informés des nouveaux postes vacants pour la prison de Haren à l’automne prochain.
Plus amical et familier
Ce projet s’inscrit dans le concept « prison du futur » et d’une justice plus rapide, plus ferme et plus humaine, que martèle sans cesse le ministre de la Justice Vincent Van Quickenborne (Open VLD).
L’expérience hollandaise (lorsque la Belgique a, de 2009 à 2017, loué la prison de Tilburg pour y mettre ses détenus), a donné des idées aux têtes pensantes de nos prisons. Le professeur Beyens, de la VUB, avait réalisé une étude en 2012 sur l’expérience néerlandaise. « En comparaison avec le personnel pénitentiaire belge, la plupart des détenus évaluent le personnel de l’institution pénitentiaire néerlandaise comme accessible, amical, serviable, familier et moins autoritaire que le personnel de surveillance belge. La différence s’exprime surtout dans la façon dont les détenus s’adressent au personnel… », écrivait le professeur.
Françoise De Halleux