Trois quarts des Belges se sentent en sécurité

op 04 juli 2019 10:41 Le Soir

La police fédérale publie un Moniteur de sécurité, 10 ans après le précédent. Les Belges se sentent globalement plus en sécurité. Mais le nombre de délits non signalés interroge.

Louis Colart

Dix ans qu’une telle étude n’avait plus été réalisée. La police fédérale a dévoilé mercredi son Moniteur de sécurité, sorte de sondage géant sur le sentiment de sécurité des Belges. 168.206 citoyens de plus de 15 ans ont répondu à l’enquête, par courrier ou sur internet. Et le premier chiffre à en sortir est plutôt positif : 75 % des résidents du royaume se sentent rarement ou jamais en insécurité. Une donnée dont se félicitent le gouvernement et le commissaire général de la police fédérale, Marc De Mesmaeker. Au contraire, 5 % des répondants disent vivre dans un environnement anxiogène en permanence. Ils étaient 8 % en 2008.

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Les femmes se sentent davantage en insécurité

Ce n’est malheureusement pas une surprise. Simplement la traduction des inégalités entre les sexes. 6,7 % des femmes affirment se sentir souvent ou toujours en insécurité, contre 4,74 % des hommes. « On doit prendre cette donnée en compte dans la réalisation de nos politiques de sécurité à l’avenir », analyse le ministre de l’Intérieur, Pieter De Crem (CD&V). « C’est du reste ce que nous faisons déjà. On réalise actuellement une étude sur la manière d’augmenter le sentiment de sécurité des femmes dans l’espace public, notamment en travaillant sur l’aménagement urbain. Les résultats sont attendus pour début 2020 », explique le ministre. Ce sentiment d’insécurité des citoyennes se concrétise plus souvent que pour les hommes par des stratégies défensives : éviter d’ouvrir la porte à un inconnu, de sortir la nuit ou même de prendre les transports en commun…

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Les infractions routières en tête des préoccupations

Quels sont les délits qui perturbent le plus la vie locale ? On pourrait penser intuitivement aux vols (voitures ou vélos) ou au deal de rue. C’est effectivement le cas pour une partie des sondés, mais les infractions qui trustent le palmarès sont plutôt des délits routiers : rouler trop vite, agressivement ou se stationner de façon à gêner les autres usagers sont des faits jugés très problématiques. « Pas moins de 66 % des personnes interrogées estiment que la vitesse inadaptée est un problème dans leur quartier », détaille la police fédérale.

C’est en Région bruxelloise et en province de Hainaut (10 %) que les taux du sentiment d’insécurité sont les plus hauts. Inversement, c’est dans les provinces du Limbourg et de Flandre-Occidentale qu’ils sont les plus bas (3,5%).

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Hacking, faits de mœurs… Ces délits qui restent secrets

Une des principales préoccupations issues du Moniteur de sécurité concerne ce que la police appelle le « chiffre noir ». Il s’agit de tous les délits qui ne sont pas signalés à la police locale ou fédérale. En comparant le nombre de plaintes reçues en 2018 et les réponses des 168.000 répondants à l’enquête, la police fédérale a pu estimer combien de faits n’auraient pas été déclarés. 86 % des intrusions dans un smartphone ou un ordinateur ne seraient pas rapportées. 78 % des arnaques sur internet et le même chiffre pour le harcèlement en ligne. Les atteintes aux mœurs seraient à 82 % passées sous silence par les victimes. Le commissaire Nicholas Paelinck, président de la commission permanente de la police locale, en tire une conclusion : « Nous devons former d’urgence des agents en cyberprévention ! » « Les raisons qui poussent les victimes à ne pas porter plainte sont nombreuses. Pour les faits de mœurs, notamment dans la sphère familiale, il est évident que le sentiment de honte doit jouer », analyse le ministre de la Justice, Koen Geens (CD&V). « Mais ça n’est pas uniquement à la police de se poser des questions ou d’essayer d’être plus accueillante pour les victimes. C’est toute la chaîne pénale qui doit se mobiliser pour faire baisser le chiffre noir. »

Louis Colart