Le 5 avril, plusieurs personnalités politiques ont présenté à la MJC une plateforme numérique intitulée I+ Belgium.
Aux côtés des ministres, le concepteur et le chef de corps de la police de Comines-Warneton. Quelques semaines plus tard et avant que toute la Belgique adopte ce système, les deux Cominois nous en disent plus…
Que se cache-il derrière l’appellation « I+ Belgium » ? Il s’agit d’une plateforme numérique d’échange d’informations pour les personnes libérées sous conditions. L’application permet de communiquer et d’échanger en temps réel entre les différents acteurs du monde de la justice, sur les individus à surveiller. « Entre 11.000 et 11.500 détenus peuplent les établissements pénitentiaires belges actuellement », livre Sébastien Dauchy. « Les personnes libérées sous conditions sont 45.000 environ, soit quatre fois plus nombreuses. À titre de comparaison, nous sommes 37.000 policiers ». Qui suit ces personnes une fois qu’elles sont en dehors des murs d’une prison ? Plusieurs acteurs comme les maisons de justice, parquet, zones de police ou juges d’instruction.
Une fois libéré sous conditions, l’individu doit remplir des conditions d’obligation (trouver du travail, suivre une thérapie) et des conditions d’interdiction (ne pas s’approcher d’un périmètre, par exemple). C’est le respect de ces conditions qui détermine la réinsertion d’un individu suite à sa peine. Si la plateforme numérique fonctionne désormais sur une grande partie du territoire belge, c’est à Comines-Warneton qu’elle est née en 2015, après deux ans de réflexion.
En décembre 2011, Nordine Amradi abat six personnes et en blesse 125 autres sur la place Saint-Lambert à Liège. Il était alors libéré sous conditions. C’est le point de départ de la réflexion menée au commissariat de Comines. « Comment faire chez nous pour assurer le suivi de ces personnes ? », s’interroge alors Sébastien Dauchy. Une quarantaine d’individus libérés sous conditions sont « rattachés » à la zone de police dirigée par M. Dauchy. Tous ont une trajectoire différente. « En cas d’incartade, on recevait ou on envoyait des rapports, reçus ou lus parfois bien après les faits. » Pour mieux les encadrer, Frédéric Dejaegere conçoit et développe un système de suivi en temps réel. L’intérêt ? « Si les conditions de libération ne sont pas respectées, il faut agir vite. Pas pour remettre l’individu en prison mais pour comprendre pourquoi il a transigé aux règles qu’il devait suivre », détaille Sébastien Dauchy.
Avec I+ Belgium, la lenteur du processus n’est plus. L’efficacité dans la surveillance elle, est accrue. Une fois la liberté sous conditions prononcée par le juge, la banque de données nationale recueille les informations sur le justiciable et tous les acteurs peuvent être au courant de l’évolution d’un dossier endéans 24 heures. Les conséquences ? Elles peuvent aller jusqu’à la suspension de la liberté sous conditions. « Ça reste un outil conçu pour aider le justiciable, pour éviter toute récidive et non pour le traquer », insiste le commissaire divisionnaire. « S’il ne respecte pas ses conditions, l’individu réfléchira à deux fois avant de commettre un nouvel écart. » Véritable accélérateur d’un système parfois sclérosé, I+ Belgium a démarré entre les murs de la police cominoise, il vit désormais une « success-story » qui s’étendra bientôt au reste du Royaume.
Mercredi, Mai 22, 2019 - 18:25
La présentation de la plateforme « I+ Belgium » a eu lieu en grande pompe à la MJC début avril dernier.
Ce jour-là, le ministre de la Justice Koen Geens mais aussi le ministre de l’Intérieur Pieter De Crem se rendent à Comines-Warneton pour présenter le projet à la presse. « La sécurité des citoyens nécessite une approche en chaîne. Ce n’est qu’en collaborant que notre société progresse », résumait le premier au moment de dévoiler la plateforme numérique. « Une coopération approfondie avec l’ensemble des services et des niveaux comme I+ Belgium le permettra désormais, veille à pouvoir rapidement réagir et rectifier le tir si nécessaire. »
Son homologue à l’Intérieur tenait les mêmes propos dithyrambiques. « La plateforme multidisciplinaire était réellement nécessaire », ajoutait Pieter De Crem. « Elle a un potentiel énorme et répond à diverses attentes de partenaires juridiques et policiers qui souhaitent effectuer leur travail de manière plus ciblée et efficace. »
Plus efficace, car plus rapide. Avec l’avènement de I+ Belgium, les mails, courriers ou fax qui prenaient plus de temps pour arriver d’un acteur à l’autre, deviennent presque obsolètes. Plus efficace car plus de suivi en temps réel. Avec autant d’acteurs connectés (Banque Nationale Générale, police, parquet, maison de justice, centre pénitencier), l’information est forcément plus fluide. Imaginée sur le terrain, la plateforme facilite la tâche des acteurs, du procureur ou du magistrat jusqu’au policier ou à l’assistant social en contact avec le justiciable… sur le terrain.
Mercredi, Mai 22, 2019 - 18:26
L’application imaginée et lancée par Frédéric Dejaegere est donc à mettre à l’actif d’un Cominois, qui travaille à la zone de police depuis une dizaine d’années. Si l’arrondissement judiciaire du Hainaut en profite depuis 2015, il a fallu attendre quelques années avant que « I+ Belgium » puisse s’étendre dans d’autres régions.
Accompagné par son chef de corps Sébastien Dauchy, Frédéric Dejaegere a sillonné le Royaume pour présenter son application. « Nous étendons ce qui a été conçu ici au reste de la Belgique », précise d’ailleurs le commissaire divisionnaire. Depuis septembre 2018, les autres arrondissements judiciaires l’utilisent aussi, de Namur à Charleroi en passant par Bruxelles. Anvers et le Limbourg n’ont pas encore adopté le système mais quand elles l’auront fait, tout le pays utilisera un « produit » 100% made in Comines-Warneton!