Effet du niveau de sécurité renforcé? La criminalité chute en Belgique, même si certains phénomènes, terrorisme et cybercriminalité, sont en hausse.
Jean-Christophe HERMINAIRE
«On a encore du boulot à faire.» Le ministre fédéral de l’Intérieur, Jan Jambon, ne cachait pas sa satisfaction, hier, en dévoilant les chiffres de la criminalité en Belgique. En nette baisse, grâce «à l’effet positif de la politique du gouvernement» , dit-il, feignant une certaine modestie. «Un milliard d’euros de plus auront été investis dans la sécurité au terme de la législature.»
La criminalité totale enregistrée par les forces de police, locales et fédérales, en baisse pour la cinquième année consécutive, descend de fait à «un record historique depuis l’existence de la police intégrée» , passant pour la première fois sous la barre des 900 000 faits criminels les plus divers. «À quoi est-ce dû? Là est la question» , s’interroge le ministre.
Le boulot qui reste à abattre, c’est essentiellement dans les domaines qui sont en hausse. Et logiquement, dans les faits liés au terrorisme, en augmentation (+25,3%) «de façon sensible» depuis que la guerre s’est déclarée en Syrie.
«Nous devons tout mettre en œuvre pour adapter l’arsenal législatif aux nouvelles tendances» , estime le ministre de la Justice, Koen Geens. Le gouvernement a ainsi adopté récemment plusieurs lois, permettant la criminalisation des déplacements à l’étranger à desseins terroristes, la création d’une banque de données des combattants étrangers ou encore l’élargissement des possibilités d’écoutes téléphoniques et de surveillance.
L’autre gros point noir, en dehors des faits de drogue, c’est l’augmentation de la cybercriminalité (+ 10,9%). Les faits de fraude informatique, hacking et sabotage sont en hausse. «Nous n’allons pas rester passifs face à cette tendance» , clame le ministre, qui prévoit d’encore durcir les lois. La meilleure manière d’agir en restant «légaliste» .
L’effet des militaires en rue?
Le renforcement de la lutte contre le terrorisme aura néanmoins eu – mais est-ce vraiment un paradoxe? – un effet que l’on peut relier à la baisse des faits criminels en 2016. La présence accrue de militaires et de policiers en rue, notamment, a pu dissuader des auteurs d’une criminalité plus «banale» de passer à l’acte. C’est une des explications données, pour lesquelles le nombre de cambriolages dans les bâtiments a nettement chuté (-17% dans les habitations privées), comme les vols de voitures (-12,2%). Le scannage des plaques d’immatriculation y est aussi pour beaucoup.
Il faudra aussi compter avec l’effet du «bouclier national» de vidéosurveillance qui, détaille Jan Jambon, voit un millier de caméras déployées sur 260 sites.
On peut y ajouter le nouveau cadre légal favorisant le développement des gardiennages privés ou encore le renforcement de certains services de police, en particulier ceux en charge de la cybercriminalité. Cela assorti de lois permettant d’aller «fouiller» dans le tréfonds de toutes les mémoires informatiques.