Jean-Claude Marcourt veut aussi mieux encadrer les conseillers moraux visiteurs de prison «Je trouve anormal que des imams présents sur le territoire belge depuis parfois de nombreuses années ne parlent toujours pas un français même fonctionnel. Il faut y remédier.» C'est en ces termes que Jean-Claude ...
lutte contre le radicalisme
Jean-Claude Marcourt veut aussi mieux encadrer les conseillers moraux visiteurs de prison
«Je trouve anormal que des imams présents sur le territoire belge depuis parfois de nombreuses années ne parlent toujours pas un français même fonctionnel. Il faut y remédier.» C'est en ces termes que Jean-Claude Marcourt (PS) a décliné ce lundi la première des huit propositions qu'il fera au gouvernement de la Communauté française en matière de lutte contre la radicalisation. Il s'agira donc d'organiser, «de façon obligatoire, autant qu'il est possible de le faire juridiquement» des cours de français pour tous les imams reconnus par l'Exécutif des musulmans de Belgique, lui-même subsidié par l'État.
Sa deuxième idée participe de la même logique: mieux encadrer, par des formations, les conseillers moraux islamiques qui interviennent dans les prisons ou en milieu hospitalier. «J'ai été frappé par le manque de soutien et d'attention qu'on leur porte», explique le ministre. «Alors que tout le monde parle de déradicalisation, c'est pourtant un enjeu essentiel auquel j'apporte une attention particulière».
Une émission concédée
Les imams et les conseillers moraux relèvent du fédéral, reconnaît le Liégeois. Raison pour laquelle il «travaillera en concertation avec le ministre de la Justice, Koen Geens» sur ces projets, car «dans les circonstances que nous vivons, il faut que les différents niveaux de pouvoir travaillent ensemble».
Et il veut aller vite. Dans son esprit, ces deux grands types de formation devraient voir le jour «dès le mois de janvier ou de février».
Autre grande proposition: mettre sur pied un Institut de promotion et de coordination des initiatives relatives aux formations sur l'islam. C'est lui qui gérerait les formations des imams, professeurs de religion islamique et autres visiteurs de prisons ou d'hôpitaux. Il devrait aussi créer un baccalauréat en sciences religieuses et sociales, suivi d'un master en théologie musulmane.
Mais coiffant sa casquette de ministre des Médias, M. Marcourt veut également l'octroi d'une émission concédée au culte musulman sur la RTBF, et ce «dès la prochaine rentrée si possible». «Une telle émission mettra le culte musulman à égalité avec les autres familles conventionnelles», plaide-t-il.
Imposer des femmes
Et il est évidemment hors de question qu'elle serve de vitrine à un quelconque radicalisme. Au contraire, elle devra «permettre de rendre visible, concret, l'islam de Belgique que nous appelons de nos vœux». Il est donc à ses yeux «essentiel qu'une telle émission ne s'adresse pas exclusivement à la communauté musulmane, mais à l'ensemble du public».
Jean-Claude Marcourt entend par ailleurs s'attaquer à la place des femmes dans les cadres de l'islam. Il transmettra donc aux Régions wallonne et bruxelloise, qui sont compétentes, une proposition. Il s'agira d'imposer, dans leurs conditions de reconnaissance, une représentation féminine dans les comités chargés de la gestion du temporel du culte des communautés islamiques locales.
Pour financer tous ces projets, 470.000 euros sont dégagés dans son budget de l'an prochain.
Christian Carpentier