Le ministre de la Justice Koen Geens a achevé son tour de Belgique des ressorts judiciaires pour expliquer son plan de justice. Aux cours de justice de Mons, il a bénéficié d'un large auditoire de magistrats, avocats, greffiers et huissiers audienciers.
Objectif: efficacité accrue… avec des moyens limités. Le plan doit encore être débattu puis voté au fédéral. En résumé, il faut restructurer les missions pour amoindrir la charge de travail. Priorité aux procédures amiables et à la médiation. La prison doit réintégrer plus que jamais. « Réaliser cette réforme sera dur. Nous avons 4 ans », prévient le ministre.
« M. Geens a eu le courage d'affronter tous les acteurs jusqu'en Hainaut », expriment, unanimes, Cécile Lefèbve, premier président de la cour d'appel de Mons, Ignacio de la Serna, procureur général, et Christian Henry, procureur du Roi de Mons-Tournai. Ce dernier ajoute: « Cette réforme va changer nos habitudes. Je n'attendais pas de grande révélation. Mais soyons optimistes .» Même son de cloche chez M. de la Serna: « Cette rencontre est très positive. M. Geens est très impliqué. La rigueur budgétaire apporte l'occasion de moderniser la justice .»
Cécile Lefèbve plaide pour que « cette justice de demain reste de qualité, et financièrement accessible. Le chantier commencé est considérable et suscite bien des peurs, des réticences, voire des contestations, et des interrogations en termes d'effectifs, de moyens, de statut, de pensions notamment .»
Les questions ont fusé dans la salle. « La cour d'assises va se réduire à une peau de chagrin , constate le conseiller Olivier Delmarche. Tout sera correctionnalisable, y compris les assassinats, les prises d'otages mortelles… Les peines pourront grimper à 40 ans au lieu de l'actuelle perpétuité », complète-t-il.
« Nous apprécions le fait que notre ministre va amener les économies de 10% de personnel sur 4 ans, graduellement de 1% à 4% au lieu de 4% à 1%, comme précédemment annoncé », insiste la Première présidente.
Autre élément du plan: il concerne la réorganisation des sièges de justices de paix. « D'accord de rationaliser », note un juge qui se déplace de Lens à Pâturages au gré des nécessités. « Mais si je dois assurer des audiences jusqu'à Chimay par exemple, ce sera plus compliqué », ajoute cet interlocuteur.
«La proximité est une obsession en Belgique , appuie Koen Geens. Il y a trop de bâtiments de justice. Je dois mettre l'accent sur l'accueil du justiciable».
Et les avocats? « Revalorisez le système de points pour le paiement de l'aide juridique », plaide Eric Balate, bâtonnier de Mons.
Et l'informatique? Une greffière hennuyère plaide pour la généralisation du programme Mac. Une juge du tribunal de la famille de Charleroi met le doigt sur la hausse exponentielle du nombre de dossiers entrants.
« Je ne peux pas imaginer qu'un papa qui voudrait revoir son enfant doive attendre 6 mois! » Applaudissements…