Le Moniteur de sécurité 2018, une vaste étude réalisée par la police entre mars et mai de l’année dernière, a été présenté ce mercredi vers 13 h 30 par le commissaire général de la police, Marc De Mesmaeker et Nicholas Paelinck, président de la commission permanente de la Police locale. Ils ont exposé les statistiques complètes de l’année dernière et les observations du moniteur. Ce dernier est basé sur les réponses de 168206 citoyens âgés de 15 ans et plus. Le travail a permis à la police de concevoir une évaluation du chiffre noir de la criminalité. On entend par là, le nombre de faits qui n’ont pas fait l’objet d’une plainte.
Les chiffres avancés sont impressionnants. C’est notamment le cas des atteintes aux mœurs. La police recense officiellement 12028 plaintes en 2018. Alors que les réponses aux sondages montrent que seuls 18 pour cent des gens se rendent à la police pour un signalement. D’après les calculs de la police, 82 pour cent des faits ne seraient donc pas signalés. On atteindrait donc la barre des 58000 dont la police n’a pas été mise au courant. “Pourquoi dénonce-t-on plus certains faits que d’autres? Il y a un travail scientifique à mener. Certaines raisons peuvent être évidentes, comme dans les affaires de mœurs. Mais il se peut aussi qu’on ne contacte pas la police parce que le chef de corps nous a vus ivre la veille, parce qu’on n’a pas confiance en la justice ou dans un parquet. C’est toute la chaîne qu’il faut questionner” , a expliqué le ministre de la Justice en affaires courantes, Koen Geens (CD&V) également présent lors de la présentation.
Les infractions contre les mœurs ne sont pas les seules dont le chiffre noir, calculé par la police, est important. 77000 faits de coups et blessures n’ont pas été signalés également. D’après le Moniteur, 52 pour cent des victimes ont décidé de ne pas en parler aux forces de l’ordre. Le pourcentage de non-signalement est moins important concernant les vols avec violence. Il est de 41 pour cent. On a donc 13000 cas non rapportés. Rien qu’avec ces deux catégories, on peut se rendre compte que 90000 faits n’ont jamais été portés à la connaissance de la police en 2018.
Les statistiques de criminalité informatique ont aussi relevé l’attention des policiers concernant le chiffre noir. Alors que les faits recensés augmentent de presque 15 pour cent en 2018 par rapport à 2017, à peine 14 pour cent des victimes d’un piratage de leur ordinateur ou smartphone au cours de l’année écoulée ont porté plainte. Pour les victimes d’escroquerie en ligne tout comme pour les intimidations et le harcèlement sur Internet, cette proportion s’élève à 22 pour cent. Environ 200000 infractions commises via Internet n’ont donc pas été signalées.
Richard De Wulf