Mardi matin, Benjamin Herman a ouvert le feu sur le boulevard d'Avroy et tué deux policières et un étudiant. Rapidement, la piste terroriste est suggérée et l'assaillant est soupçonné d'avoir été radicalisé en prison. Il y a-t-il eu une faille dans le système ? Benjamin Herman devait-il bénéficier d'un congé pénitentiaire ? Koen Geens, ministre de la Justice, a répondu aux questions de Thomas Gadisseux dans Matin Première.
"Je me sens avant tout responsable parce que j'ai la responsabilité des prisons. Est-ce que cet homme aurait dû être libéré dans le cadre d'un congé pénitentiaire ? C'est une question interpellante et ça mérite un examen de conscience de ma part", reconnait le ministre. Benjamin Herman bénéficiait d'un congé pénitentiaire de deux jours, qui avait déjà été réduit. Il purgeait 12 ans de prison en tant que multi-récidiviste et il aurait terminé sa peine en 2020. Le tribunal d'applications des peines avait d'ailleurs refusé sa libération provisoire et il ne bénéficiait pas de congé pénitentiaire prolongé. Pour Koen Geens, "la décision prise est normale dans le cas de détenus comme lui".
Oui, tout le monde était au courant
Le ministre de la Justice rappelle certains faits, "Benjamin Herman avait déjà bénéficié de 13 congés pénitentiaires". Oui, l'identité du tueur apparaissait dans deux rapports de la sûreté de l'État et également dans un de la police. Oui, il a été révélé aux services de l'OCAM et à la cellule extrémiste de la prison. Oui, tout le monde était au courant. Mais "les services pénitentiaires ont confirmé quelques heures après la tuerie que leur évaluation de l'époque de ne pas reprendre ce détenu dans une banque de données de personnes dangereuses, était correcte. La décision n'a pas été prise inconsciemment". Le débat sur les congés pénitentiaires ne sera pas ouvert, explique le ministre.
Benjamin Herman s'était converti à la religion musulmane il y'a quelques années, "2012", pense Koen Geens. "Est-ce que participer à une prière de groupe et faire le ramadan constituent des éléments de radicalisation et des signes de dangerosité ?", questionne le ministre.
Ne pas isoler les radicalisés, pour ne pas en faire des héros
À Hasselt et à Ittre, deux ailes de déradicalisation sont installées. Les personnes qui sont certifiées comme étant radicalisées, doivent y résider afin "de ne pas contaminer les autres". Cependant, l'isolation ne serait pas la meilleure des thérapies selon les experts, la meilleure des solutions est donc de les intégrer pour ne pas en faire "des héros. Koen Geens est formel : Benjamin Herman ne méritait pas d'être isolé. "Quand quelqu'un respecte le ramadan ou prie, ça ne veut pas dire que c'est un radicalisé dangereux. Être religieux ce n'est pas interdit. Le pas à faire entre religion et radicalisation est grand."