Les ministres de la Justice des Pays-Bas, de la Belgique et du Grand-Duché de Luxembourg ont signé ce vendredi une déclaration d’intention relative à la coopération en matière de lutte contre la traite des êtres humains. Un premier pas pour renforcer la collaboration afin de mieux combattre ce phénomène en augmentation.
La traite des êtres humains : un sujet sensible qu’a voulu développer le Grand-Duché de Luxembourg dans le cadre de sa présidence du Benelux. Une problématique qui est peu visible et secrète mais qui pourtant est en augmentation. Et cela ne concerne pas uniquement les victimes d’exploitation sexuelle. On recense en effet de plus en plus de personnes victimes de travail forcé.
Ce constat, interpellant, a mené les trois pays qui constituent le Benelux (les Pays-Bas, la Belgique et le Grand-Duché de Luxembourg) à lancer en 2012 une coopération afin d’échanger les bonnes pratiques et l’analyse des tendances en la matière. Ce vendredi, ils ont fait un pas plus loin en signant une déclaration d’intention pour renforcer la coopération entre les trois pays en matière de traite des êtres humains. L’objectif est, entre autres, de renforcer la lutte au niveau transfrontalier et la coopération entre les différents acteurs qui s’occupent de la problématique (police, autorités judiciaires…)
80 condamnations par an
Plusieurs initiatives, comme une brochure commune au Benelux traitant du sujet, ont été mises en place avant cette signature, qui mènera prochainement à la création d’un groupe de travail sur la thématique. « Il faut plus que jamais alerter, sensibiliser le public, agir et protéger les victimes », a ainsi commenté Félix Braz, ministre luxembourgeois de la Justice.
Lors de cette conférence de clôture, les ministres et les experts ont expliqué comment la lutte contre la traite des êtres humains était abordée dans leur pays respectif. « Chaque année, il y a environ 80 condamnations en la matière en Belgique », a expliqué Koen Geens, le ministre belge de la Justice. « L’approche pluridisciplinaire est primordiale pour combattre ce phénomène », a-t-il insisté. Et le ministre de rappeler que dans chaque arrondissement judiciaire du pays, un magistrat référent a été désigné afin d’assurer le suivi spécifique de ces dossiers. Ils constituent ainsi un réseau d’experts sur la question. « Mais c’est toujours un problème qui reste caché, pour lequel il est difficile d’avoir des chiffres », précise-t-il.
Car les victimes elles-mêmes, par honte ou par gêne, ne se considèrent pas toujours victimes en tant que telles. Elles sont souvent esseulées et plus vulnérables. « Pour qu’une victime arrive à parler, il faut gagner sa confiance. Et pour qu’elle s’en sorte, il faut réussir à casser le lien qui l’unit à son employeur ou à son proxénète, qu’elle considère bien souvent comme un sauveur. L’objectif est de leur donner de l’espoir, de leur montrer qu’une vie meilleure est possible », explique un policier spécialisé dans la matière. Un travail essentiel qui se voit encore renforcé avec la signature de cette déclaration d’intention.
Mélodie Mouzon