Le gouvernement lance le 1er octobre la “phase2” du Plan Canal avec le déploiement de 66 policiers supplémentaires dans trois zones de police à Bruxelles. Les ministres Jan Jambon (Intérieur) et Koen Geens (Justice) et les autorités policières ont dressé jeudi un bilan positif de la “phase1” qui ne concernait que Molenbeek et Vilvorde. Dans la “phase2” s’ajoutent Anderlecht, Bruxelles-Ville, Koekelberg, Saint-Gilles, Saint-Josse et Schaerbeek.
Pour rappel, le Plan Canal a été créé il y a six mois dans la foulée des attentats de Paris afin de mieux traquer les combattants terroristes basés à Bruxelles, de couper l’herbe sous le pied de la délinquance (faux papiers, drogues, armes) et de l’économie illégale dont se nourrit le terrorisme et de mieux cerner le phénomène de radicalisation.
Johan De Becker, patron de la zone de police Ouest dont dépend Molenbeek, a souligné combien le renfort de 50 policiers à Molenbeek a permis de pallier le déficit de 126 policiers qu’il enregistrait avant les attentats.
Et il aligné les chiffres : 589 personnes proposées à la radiation après des visites domiciliaires réalisées en deux temps, 87 ASBL dissoutes, 4 lieux de prière mis sous scellés (pour des raisons urbanistiques), 1 école coranique fermée (pour cause de fraude sociale).
Registres passés à la loupe
Tous les services communaux, de la Population au Logement, ont passé leurs registres à la loupe pour accumuler un maximum d’informations sur 31 Molenbeekois qui se trouvaient sur les listes (FTF) de l’Ocam. “Cela a permis de recueillir des informations utiles pour les services de police, comme des numéros de téléphone et des photos” , relève le commissaire De Becker.
Les visites ont permis aussi de constater qu’une bonne partie des djihadistes vivaient dans des maisons unifamiliales compartimentées illégalement en appartements, dont les occupants étaient domiciliés à des étages différents pour obtenir le statut d’isolé et un régime plus favorable au niveau social.
Ce ratissage au peigne fin a pour but de rétablir la légalité dans la commune, mais aussi d’envoyer un message clair aux candidats djihadistes. “Les personnes qui partent en Syrie savent désormais qu’une enquête sera faite sur leurs allocations qu’ils perçoivent, qu’il y sera mis fin et qu’elles devront rembourser” , explique le Procureur général de Bruxelles Johan Delmulle.
Grâce à la banque de données dynamique mise en place actuellement, il ne suffira pas de déménager de Molenbeek pour échapper aux problèmes. Car cette nouvelle banque de données, alimentée par la police et les services de renseignement, suivra désormais le titulaire d’un dossier d’un arrondissement à un autre. Tant de mesures qui auraient dû être entreprises avant l’électrochoc des attentats.
Ch. Ly.