Ce n’est pas vraiment un honneur ni même un privilège. Le ministre de l’Intérieur Jan Jambon (N-VA) et son collègue de la Justice Koen Geens (CD&V) étaient invités lundi à éclairer la commission des libertés civiles du Parlement européen sur la situation de la lutte antiterroriste dans notre pays. Une audition plutôt inhabituelle – aucune demande dans ce sens n’a été formulée auprès du gouvernement français à la suite des attentats du 13 novembre – justifiée par le fait que Bruxelles abrite les institutions européennes.
Sur le fond, on n’aura pas appris grand-chose, les deux élus belges ayant beau jeu de rappeler que notre pays avait mis sur pied une commission d’enquête parlementaire chargée de faire la clarté sur les événements récents afin de voir ce qui n’a pas fonctionné et pourrait être amélioré. “Nous faisons preuve d’autocritique” , soulignera ainsi Koen Geens, glissant dans la foulée que ce n’est pas forcément le cas dans tous les Etats membres.
“La Belgique fait le maximum”
A plusieurs reprises, les deux invités dénonceront également les critiques violentes dont notre pays a été victime dans la presse internationale. “ Quand nos services ont neutralisé la cellule de Verviers, on était des héros. Après les attentats de Paris en novembre, on est devenus des zéros” , a ainsi déploré Jan Jambon en défendant le professionnalisme et l’énorme travail réalisé par les services de police et de renseignements nationaux – saluant au passage l’excellente collaboration avec leurs homologues français. Il insistera aussi, tout comme le ministre de la Justice, sur le fait que notre pays avait déjà fortement multiplié les mesures antiterroristes dès les attaques contre “Charlie Hebdo” et qu’il poursuivait dans cette voie. Récemment voté au Parlement européen, le système d’échange de données des passagers aériens PNR sera ainsi rapidement mis en œuvre par la Belgique, a expliqué Jan Jambon, soulignant être favorable à la proposition des Pays-Bas qui souhaitent un système de PNR commun associant les Etats membres qui le désirent. Et d’ajouter que le gouvernement belge entend également élargir cette collecte de données au transport ferroviaire, maritime et par autocar.
Enfin, et ce fut sans doute là le principal message d’un débat où sont surtout intervenus des eurodéputés belges, les deux ministres ont rappelé que notre pays défend de longue date la nécessité de renforcer la coopération européenne dans la lutte contre le terrorisme, singulièrement dans le domaine de l’échange d’informations. Un constat sur lequel tout le monde semble d’accord, y compris sur le fait qu’il n’est pas neuf.
G.T.
Regardez le fragment »