Les ministres Geens et Jambon annoncent un maintien central partiel des unités spécialisées dans la lutte contre la fraude économique, financière et informatique .
Les agents du fisc et les fonctionnaires de la TVA devraient rester en poste.
nicolas keszei
Après concertation avec les principaux acteurs du dossier, après avoir demandé son avis au Procureur général et au Collège des procureurs, les ministres de la Justice, Koen Geens, et de l'Intérieur, Jan Jambon, ont décidé de maintenir partiellement une organisation centrale pour l'Office central de lutte contre la délinquance économique et financière organisée (OCDEFO) et pour la Federal Computer Crime Unit (FCCU).
Décentralisation
Dans le courant du mois de mai, lorsque l'annonce du démantèlement probable de ces deux unités centrales en charge de la lutte contre la criminalité financière et contre la criminalité informatique avait été connue, les principaux acteurs du dossier avaient tiré la sonnette d'alarme. Euphémisme. Et l'opposition, d'un seul homme, avait appelé les deux ministres concernés (Justice et Intérieur) à faire marche arrière.
Ont-ils été entendus? Partiellement. D'après nos informations, les capacités centrales de ces deux unités s'élèveront à 24 travailleurs, soit 16 pour l'OCDEFO et 8 pour la FCCU. A l'heure actuelle, l'OCDEFO tourne avec 36 enquêteurs. Demain, ils seront vingt de moins.
Selon nos informations, les agents du fisc et les agents de la TVA, qui constituent des "pions" essentiels de la lutte contre la criminalité financière et informatique, devraient rester au sein des unités centrales.
La concertation avec le Collège des procureurs généraux et avec le Procureur général a montré qu'une déconcentration complète de l'OCDEFO et de la FCCU n'était pas une bonne solution. Il semble donc que les ministres concernés ont décidé de couper la poire en deux.
" La lutte contre la criminalité informatique, économique et financière est l'une des tâches principales de la police judiciaire fédérale. Dans ce cadre, il est important de maintenir les forces, les talents et l'expertise là où ils sont nécessaires. Le maintien de ces services au niveau central présente plusieurs avantages: non seulement, cela permet le maintien de l'expertise existante, mais cela offre la possibilité de travailler plus vite et plus efficacement et, ce qui n'est pas la moindre des choses, ce système garantit une meilleure collaboration avec la magistrature ", a précisé Koen Geens.
Parallèlement à cela, les ministres de l'Intérieur et de la Justice annonçaient le lancement d'une procédure de recrutement pour la "Computer Crime Unit" de la police fédérale. Ce sont donc trente nouveaux collaborateurs qui devraient venir gonfler les rangs de ces unités décentralisées, cette fois.
Reste à voir aujourd'hui quelle sera la réaction des principaux concernés. Quand la nouvelle de la décentralisation de ces deux unités avait été rendue publique, le juge d'instruction Michel Claise, spécialisé dans les affaires financières, n'avait pas su dissimuler sa colère. " Je perds mon bras armé. Je perds les meilleurs flics d'Europe, qui nous permettaient d'avoir une efficacité totale contre la fraude ", nous déclarait-il alors.
D'après de premiers coups de sonde passés auprès des principaux acteurs de ce dossier, il semble que la décision prise par les ministres Geens et Jambon soit à prendre avec des pincettes. L'avenir proche et des détails plus chiffrés des effectifs décentralisés devraient nous fournir plus de clarté.