Près de 10% de détenus en trop dans les cellules belges. Fin 2016, ils devraient en outre être rejoints par les pensionnaires de Tilburg. Il y a quelques jours, le gouvernement fédéral a prolongé la location, jusque fin 2016, de la prison de Tilburg, dans le sud des Pays-Bas. Un établissement pénitentiaire où sont logés, depuis 2009, des centaines de détenus belges. Une sous-traitance, aussi, qui a un coût: près de 40 millions d'euros par an, tout compris. Autant dire une fortune en cette période de restrictions. Aussi a-t-il été décidé, et confirmé par le ministre Koen Geens lors de la présentation de son «Plan Justice» au mois de mars, de mettre fin à cette décentralisation.
140 francophones rapatriés
Problème: les prisons existantes ne sont pas vraiment sous-utilisées, c'est même le contraire puisqu'il y avait, le 2 juillet, 11.102 détenus dans les prisons belges pour 10.108 places disponibles. Avec des pénitenciers moins bien lotis que d'autres: la prison de Malines héberge 35% de détenus de trop, Lantin et Anvers 30%, Namur près de 40%, etc. L'absorption des 360 détenus néerlandophones et des 140 francophones de Tilburg augmentera, toutes autres choses restant égales, la surpopulation de près de 5%. Avec l'inconfort que cela suppose pour les détenus mais aussi pour ceux qui les surveillent, qui risquent de voir leurs conditions de travail se dégrader encore. «Où va-t-on les mettre? , résume ainsi Laurence Clamar, en charge du SPF Justice au sein de la CSC. Les nouvelles prisons de Marche et de Leuze vont déjà être remplies, la première pierre de la prison de Haren n'est pas encore posée et le nouveau masterplan pour les prisons ne nous a pas encore été présenté.»
De fait, même si la surpopulation carcérale s'est résorbée ces dernières années (elle a déjà frôlé les 30%), elle reste problématique et est appelée à le rester: les 312 places de Leuze devraient être occupées d'ici la fin de l'année, la future prison de Haren n'a d'autre ambition que de remplacer les établissements vétustes de Saint-Gilles, Forest et Berkendael, le nouveau CPL de Gand accueille déjà 200 internés pour 264 places disponibles. Un manquement que l'Observatoire international des Prisons a déjà pointé à plusieurs reprises, expliquant cette surpopulation par le recours croissant à la détention préventive, par l'allongement et le cumul des peines, par le recours de moins en moins fréquent à la libération conditionnelle aussi.
Peines alternatives
Il faudra donc sans doute davantage compter sur les peines alternatives, comme le bracelet électronique, que sur l'inauguration de nouvelles cellules pour enrayer cette surpopulation.
Le prochain transfert de 500 détenus est pourtant loin d'être une surprise: la convention liant le Royaume de Belgique à celui des Pays-Bas date de l'automne 2009, elle liait les deux pays jusqu'au 31 décembre 2012 et a donc été prolongée les années suivantes. Dans sa période la plus intense, la prison de Tilburg a accueilli jusqu'à 650 détenus belges pour un coût alors de 42millions par an. En 2014, le nombre de détenus a sensiblement baissé. Il est passé à 500 environ, ce qui est le minimum prévu dans la convention. La facture aussi a baissé, passant légèrement sous la barre des 40millions.
Sur 100.000 Belges, 100 approximativement sont derrière les barreaux. C'est environ la même proportion qu'en France mais loin de celle des Etats-Unis où 743 Américains sur 100.000 sont en prison. A Saint-Marin par contre, on ne compte que 6détenus théoriques pour 100.000 habitants. Cette petite république de 33.000 habitants peut se targuer d'avoir une des prisons les moins fréquentées du monde. Aux détenus belges il faut ajouter le nombre grandissant de bracelets électroniques: on en comptait 326 en 2006, il y en a maintenant 1.970 en circulation.