Mesdames, Messieurs,
Il y a cinq ans, Sa Majesté le Roi Abdallah II de Jordanie a proposé que la première semaine de février soit dorénavant célébrée comme "World Interfaith Harmony Week". Une semaine pendant laquelle les trois grandes religions monothéistes seraient encouragées, en vertu des deux Commandements religieux communs fondamentaux, à savoir l'amour de Dieu et l'amour de son prochain, à nouer le dialogue ensemble. Cette proposition a reçu un accueil si positif qu'elle a immédiatement été adoptée à l'unanimité par les Nations Unies.
Aujourd'hui, la Jordanie est profondément endeuillée, et on crie vengeance. Il est impossible de dialoguer avec le diable. Faire bruler vif un pilote de chasse jordanien n'est que le dernier acte de barbarie d'une série d'atrocités que nous, en tant qu'enfants de Dieu, avons bien du mal comprendre. Décapitations, supplice du feu, attentats. Est-ce qu'il y a un pourquoi ?
Une culture de la terreur nous est imposée. Le pouvoir du mal se répand de plus en plus. Les gens se réfugient dans les stéréotypes et les amalgames. Demandent des actions musclées de représailles.
Mais il y a aussi des gens qui refusent de céder à cette panique. Qui ne croient pas qu'on puisse combattre la haine par la haine. Qui ne voient pas dans l'autre le reflet du mal, mais leur prochain et qui le reconnaissent aussi en tant que voisin, et ont de la considération pour lui. Des gens qui ne considèrent pas Dieu comme une force du mal, mais comme un Dieu d'amour et de compassion. C'est ce genre de personne, ce genre d'enfant de Dieu que nous devons essayer à être.
Beaucoup d'entre vous ont été convoqué à plusieurs reprises au cours des dernières semaines, que ce soit ou non à l'initiative des autorités politiques. Cela ne peut bien sûr qu'être applaudi, mais les bergers ne sont pas des bergers sans leurs moutons. Je ne peux que vous appeler à honorer l'esprit de la World Interfaith Harmony Week, et à encourager vos fidèles à engager le dialogue aussi à leur niveau. En tant que ministre belge de la Justice responsable des cultes, je veux continuer à promouvoir le dialogue entre les différentes religions.
Hier, je ai eu l'honneur de recevoir le Grand Rabbin Guigui et monsieur Klener. Monsieur Klener se qualifiait de pessimiste réaliste, je lui ai répondu que j'étais un réaliste optimiste. Car je crois que l'humanité progresse, mais que l'être humain ne peut génétiquement pas toujours suivre. Ne les laissons pas s'égarer. Guidons ces personnes, et donnons-leur une identité. Montrons-leur le bon exemple, ou comme on le dit encore mieux en anglais : let us lead them by example.