Un Sommet européen crucial s’ouvre aujourd’hui à Bruxelles. Belgique, Pays-Bas et Luxembourg ne s’y présentent pas soudés.
Bruxelles accueille ces vendredi et samedi un Sommet européen crucial, qui doit approuver un plan de relance de 750 milliards, et son budget pluriannuel, avec un volet écologique et un volet numérique. M. Koen Geens, ministre des Affaires européennes, comment la Belgique s’y présente-t-elle?
Dans une perspective simple: nous n’entendons pas compliquer la tâche du président du Conseil européen, M. Charles Michel, qui défend aussi ces documents.
Une des questions qui divise les Européens, c’est la répartition entre subsides (500 milliards) et prêts (250 milliards) du plan de relance. Quelle est la position belge?
La réponse dépend de l’attitude qu’on prend par rapport au sud de l’Europe, le plus atteint par la pandémie du Covid-19, et dont les pays sont parmi les plus touchés par la crise qui en découle. Car le tourisme est une ressource essentielle pour eux, et leur économie va beaucoup souffrir de sa récession cette année. Il est important qu’ils bénéficient de la solidarité européenne. Mais pour la Belgique, ce plan doit aussi tenir compte des répercussions du Brexit parce que notre pays sera l’un des plus touchés par la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne.
Les Pays-Bas sont un des principaux «pays frugaux» qui estiment les subsides trop élevés. La concertation au sein du Benelux qui précédait chaque Sommet européen appartient-elle au passé?
Il y a toujours une concertation au sein du Benelux, mais, à certains moments, les trois pays ont des accents particuliers. Avec sa tradition de compromis, la Belgique pousse à faire de même au niveau européen. Et avant ce Sommet, la convergence belgo-belge est parfaite: c’est un point de vue belge et interfédéral qui s’y exprimera. Sur le volet financier, cette fois, les Pays-Bas s’alignent sur le nord de l’Europe. Et le Luxembourg supporte un peu mal d’être un des plus petits pays de l’Union européenne, et un des plus efficaces. Mais les trois Premiers ministres s’entendent toujours fort bien. Et la collaboration avec la France est excellente. Cette entente a facilité le choix de la présidente de la Commission et du président du Conseil.
Au Parlement européen, un large mouvement réclame un Green Deal, un Pacte vert, beaucoup plus musclé, avec un engagement budgétaire beaucoup plus fort. Comment se positionne la Belgique?
Il y a une marge de 30% des fonds sur lesquels on peut jouer pour renforcer ce volet écologique. Faute de pouvoir lever des taxes environnementales européennes, ce que je peux déplorer en tant qu’ancien ministre des Finances, l’Europe ne vit que de contributions des États-membres. En matière environnementale, elle doit donc y aller graduellement. Même si la crise climatique nous frappe, comme la crise sécuritaire l’a fait, et comme la crise sanitaire le fait aujourd’hui.
Interview : Philippe LERUTH