C'est un constat fait par de nombreux magistrats aujourd'hui: la justice est dans un état de délabrement très inquiétant. De l'autre côté, les justiciables se plaignent du prix et de l'accessibilité du monde judiciaire. Cette justice doit semble-t-il se réinventer. A quelques mois d'élections très importantes pour notre pays, "A Votre Avis" rassemble tous les acteurs de la justice pour confronter les revendications du monde judiciaire au instances politiques actuelles et futures.
C'est l'annonce de la soirée: le ministre de la Justice, Koen Geens, demande une augmentation du budget de la justice de 500 millions (le budget est de 1 milliard, actuellement). "300 millions iraient à l'ordre judiciaire, dont 130 millions pour le personnel et les moyens de fonctionnement, dont 120 pour le pro deo et 35 pour l'informatique". Mais Koen Geens et à présent aussi responsable de la régie des bâtiments. Raison pour laquelle le ministre demande 150 autres millions de plus.
Koen Geens demande 500 millions pour la justice
Cette annonce fait plaisir à la plupart des invités. L'avocat et maitre de conférence de l'ULB, Laurent Kennes, émet toutefois une réserve. "Un gouvernement accordera-t-il ce budget au portefeuille de la Justice dans la prochaine législature?" Alors que des manifestations se tiennent à propos du pouvoir d'achat (gilets jaunes) et du climat (marches des jeunes), la justice est-elle, en effet, une priorité? "Ca va être extrêmement compliqué".
"Rassembler ce budget va être compliqué"
Le ministre de la Justice comprend les manques de moyens de la justice, mais croit néanmoins qu'un meilleur management des cours et tribunaux peuvent faire une différence: "Je ne veux pas dire qu'on a besoin de plus de personnel, je veux un justice mieux organisée qui peut se focaliser sur l'essentiel".
"Il faut manager les avocats et experts"
Pour Laurent Kennes, avocat et maître de conférences à l'ULB, la lenteur de la justice s'explique aussi par un phénomène: l'inflation pénale. "Il y a de plus en plus de comportements interdits, deux à trois fois plus qu'en 1980".
Deux à trois fois plus de comportements interdits qu'en 1980"
Vincent Macq est président de l'Union Professionnelle de la Magistrature. Il confirme de son côté le coût important de la justice. Il rappelle le caractère indispensable d'une "justice pour tous". "Sans cela, chacun se ferait justice soi-même". Il fait par ailleurs un lien avec le procès Nemmouche. "On a prouvé que nous étions capables de faire de grandes choses correctement. Si on est capables de réaliser un tel procès, on doit aussi l'être pour monsieur et madame Tout-le-monde".
L'importance d'une "justice pour tous"
Pour en parler, "A Votre Avis" recevait Philippe Goffin, député MR et membre de la commission Justice ; Sarah Janssens, avocate et membre de la plateforme "Justice pour tous" ; Christine Julien, juge de Paix à Florennes et Marianne Dereze, déléguée CGSP - Ordre judiciaire Greffes et Parquets. Des témoins nous feront par aussi de leur expérience du monde judiciaire en tant que justiciables.
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