Traquer les terroristes en repérant ou en suivant les flux financiers suspects sur les comptes en banque, mieux comprendre leurs agissements et leur façon de fonctionner, détecter les connexions entre eux… C’est en partie ce que font les spécialistes du CTIF, la Cellule de Traitement des Informations Financières, attachée au SPF Finances mais qui tuyaute surtout les autorités judiciaires ainsi que l’OCAM.
3 fois plus de dossiers
Comme nous le révèle le ministre de la Justice Koen Geens, la CTIF transmet au Parquet fédéral de plus en plus de dossiers liés au financement du terrorisme. En 2016, il en a transmis 112, c’est trois fois plus qu’en 2014 (37 dossiers) et c’est plus aussi qu’en 2013 (75) ! Étrangement, en euros, la hausse ne se confirme pas. Puisque l’on passe d’un montant de 6,8 millions d’euros
en 2014 à 6,5 millions d’euros en 2016. « Le financement direct de DAECH par des combattants n’a plus été observé dans les dossiers transmis en 2016 », indique le CTIF qui parle plutôt de micro-financement. Les terroristes, de plus en plus des loups solitaires, se financent désormais via la petite délinquance (vols) ou par des salaires ou allocations sociales ordinaires.
Grâce à la nouvelle loi voulue par Koen Geens, les informations circulent désormais entre les services concernés. Ainsi, la CTIF a désormais accès à la base de données dynamique de l’OCAM, ce qui lui permet d’être informée des combattants belges de retour au pays et des individus radicalisés. Sur base de ces noms à surveiller, l’enquête financière ciblée de la CTIF permet de suivre leurs activités et aussi de les localiser.
On réveille des morts !
« L’enquête financière permet également de confirmer le fait qu’une personne située en zone de conflit reçoit ou non de l’argent de sa famille ou de connaissances, et donc de savoir si elle est encore en vie , insiste la CTIF. Cette information est précieuse dans la mesure où, dans le passé, il est apparu que plusieurs Belges radicalisés, partis combattre à l’étranger, avaient mis en scène leur mort afin de pouvoir aisément se déplacer et opérer ! » La CTIF a aussi identifié plusieurs envois de fonds indirects à des combattants en zones de conflit.
« Pour brider le financement d’organisations criminelles et du terrorisme, une bonne collaboration est indispensable. Le know-how est mis en commun et permet de faire les avancées nécessaires dans bon nombre de dossiers », se réjouit le ministre Geens (CD&V), tout heureux de pouvoir désormais tracer les radicalisés, via leurs finances.
F. DE H.