La loi votée le 30 mars dernier permet à la Sûreté de l’État de disposer de plus de moyens dans sa traque des criminels et des terroristes.
Emmanuel HUET
Dans la foulée des attentats de Bruxelles, et même de Paris, la Sûreté de l’État (les services de renseignement belges) avait été mise sous pression face à son incapacité à avoir pu prévenir les attaques terroristes. Les conclusions de la commission d’enquête parlementaire épinglaient aussi certains (dys)fonctionnements…
Mais un vent d’optimisme souffle depuis quelques semaines sur le service de renseignements. Notamment depuis la mise en place de la loi du 30 mars 2017 qui permet aux inspecteurs belges - les «agents secrets» – de disposer de plus de moyens pour remonter une filière ou pour enquêter sur des individus suspects.
De même, au cours des derniers mois et d’ici la fin de l’année, le personnel de la Sûreté aura été augmenté d’une centaine d’unités pour atteindre plus de 600 personnes employées.
«Cette nouvelle loi est une avancée importante , a confirmé hier Jaak Raes, administrateur général de la Sûreté. Elle représente une amélioration pour le fonctionnement de nos services.»
Concrètement, que permet cette nouvelle loi? La loi MRD sur les méthodes de recueil de données permet désormais aux agents de travailler sous une fausse identité, ceci afin de les protéger «car on constate un danger grandissant pour nos agents qui travaillent dans la lutte contre le terrorisme.» Les agents pourront aussi hacker des ordinateurs, inspecter des véhicules, ouvrir des colis postaux, placer des caméras dans des habitations… Tout cela ne se fait pas de leur propre initiative. Si la méthode est classée «spécifique» ou «exceptionnelle», la Sûreté devra en informer la commission MRD. De même, un nouveau champ s’est ouvert au travail des enquêteurs, celui d’investiguer auprès des agences de voyages, de taxis, de location de voiture… «C’est le degré d’intrusion dans la vie privée qui détermine la méthode.»
Mieux protéger le personnel
Enfin, la Sûreté de l’État a aussi récupéré des compétences policières lui permettant d’interpeller des individus suspects par le biais de l’équipe d’intervention IRT. L’Incident Response Team «est chargée de la protection du personnel et des bureaux du service de renseignement, complète le ministre de la Justice Koen Geens. Ils pourront contrôler l’identité d’une personne suspecte, la fouiller, voire l’arrêter.» L’IRT pourra aussi intervenir pour sécuriser le personnel travaillant sur la mise en place de caméras ou de matériel d’écoute.