Koen Geens veut mieux encadrer les paris virtuels

le vendredi 14 avril 2017 10:04 L'Echo

Après avoir été considérés dans un premier temps comme des paris, les paris sur matchs virtuels ont été requalifiés en jeux de hasard automatiques.

Des arrêtés royaux sont en préparation, qui soumettront ces paris au régime de la perte horaire et qui relèveront l'âge minimum des joueurs à 21 ans.

Les paris sur des compétitions sportives virtuelles se sont développés ces trois dernières années en Belgique, aussi bien en ligne que dans le monde réel, où ils sont proposés par des agences de paris sportifs. Il s'agit notamment de matchs de football entièrement fictifs, dont les résultats sont déterminés aléatoirement par des programmes informatiques, et dont des résumés sont retransmis sur écran avec les principales phases de jeu (buts, fautes, etc.). Le régulateur du secteur et le ministre de la Justice, qui en exerce la tutelle, se sont émus de l'engouement pour ce style de jeux. Poussés aussi dans le dos par d'autres opérateurs de jeux de hasard, tels que les exploitants de casinos et de salles de jeux, ils se sont demandés s'il s'agit bien de paris sportifs. Après analyse, la Commission des jeux de hasard a revu sa position initiale pour considérer que tout compte fait, il s'agit plutôt de "gaming" que de "betting", soit de jeux de hasard automatiques plutôt que de paris. Un revirement important, car les deux types de jeux ne sont pas soumis aux mêmes règles. La Commission a dès lors conclu qu'il faudrait créer un cadre légal clair dans lequel ces jeux virtuels pourraient dorénavant être proposés hors ligne - elle estime qu'en ligne, leur exploitation ne soulève pas de problème particulier. Le cabinet de la Justice a suivi le régulateur. Des arrêtés royaux ont été mis en chantier, afin d'adapter la législation sur les jeux automatiques à l'arrivée de ces nouveaux jeux.

Protéger les joueurs

"Nous examinons une série de mesures afin de mieux protéger les joueurs", nous dit-on au cabinet Geens. Parmi les dossiers étudiés, figure "la création d'un cadre réglementaire de protection pour les paris virtuels: c'est actuellement discuté en groupe de travail intercabinet".

Selon nos informations glanées dans le secteur, le nouveau régime en préparation soumettra les paris virtuels hors ligne (proposés dans les agences) à deux nouvelles contraintes: la perte horaire sera limitée à 12,50 euros, tandis que l'âge minimum des joueurs sera relevé de 18 à 21 ans. Ceci afin d'aligner le système sur celui en vigueur dans les salles de jeux et les casinos. Les travaux en cours prévoient que la perte maximale par heure sera définie par machine (par terminal) et non pas sur l'ensemble du parc de machines d'un établissement.

Pas avant 21 ans ?

Au cabinet du ministre de la Justice, la porte-parole Marie Landsheere confirme que le relèvement de l'âge des joueurs "pour certains jeux ou paris" fait bien partie des discussions intercabinet en cours, sans vouloir donner plus de détail. Elle signale aussi que la limitation des machines automatiques dans les cafés et celle du nombre d'agences de paris font partie de ces discussions. Le secrétariat de la Commission des jeux a également reçu pour devoir d'évaluer la réglementation des jeux de hasard en ligne.

En attendant, sur le terrain, certains opérateurs s'inquiètent. "Si l'on relève l'âge minimum de 18 à 21 ans, nous dit l'un d'eux, on verra apparaître des intermédiaires qui entreront dans les agences pour parier, puis qui en ressortiront pour revendre leurs paris à des jeunes restés dehors." "Et sur internet, ajoute-t-il, tout le monde exploite des paris virtuels. C'est hypocrite. Comme c'est considéré désormais comme du gaming, les sites de casinos et de salles de jeux sont autorisés à le faire... On confond canalisation des joueurs et interdiction: il faut canaliser, c'est-à-dire fixer les mêmes règles pour tout le monde."

MICHEL LAUWERS