En modernisant sa communication, L’Exécutif des musulmans de Belgique veut reprendre la main sur les discours radicaux véhiculés par internet.
Emmanuel HUET
Combien d’adolescents sont tombés entre les mains de Daech par le seul biais d’internet? Seuls sur leur ordinateur, leur tablette, ces jeunes décrochés de la société ont pris la route du djihad en Syrie, ont commis une série d’attentats après avoir été radicalisés à domicile.
L’Exécutif des musulmans de Belgique, l’organe officiel reconnu par les autorités belges, a décidé de reprendre la main. Notamment sur l’aspect numérique de la propagande extrémiste menée par les prédicateurs. Grâce à un budget extraordinaire de 120 000€, l’organe a mis à jour son site internet, a lancé une webradio, a créé un nouveau logo: «Il symbolise les efforts que nous déployons au quotidien pour favoriser un islam de Belgique, enraciné dans le contexte territorial, politique, économique, social, culturel et linguistique du pays.» L’Exécutif s’est aussi créé un compte Facebook et Twitter. «Notre présence sur les réseaux sociaux, c’est pour contrer les courants radicaux et extrémistes qui utilisent internet comme moyen de propagande.» L’idée défendue par Salah Echallaoui, le président de l’EMB, est de proposer une parole modérée en adéquation avec les valeurs de l’État belge et éloigner «les jeunes des discours salafistes et wahhabites.»
Cette modernisation de la communication de l’Exécutif avait été entamée à la fin de l’année dernière, avec pour objectif de contrer le radicalisme croissant. C’était au moment des attentats de Paris, c’était quelques mois avant ceux de Bruxelles. Mais déjà, à cette époque, la sonnette d’alarme avait été tirée au vu du nombre grandissant de jeunes qui partaient rejoindre la Syrie.
Autant pour les musulmans de Belgique que pour les autres communautés, le président de l’Exécutif a rappelé qu’il était nécessaire de «moderniser notre rapport à la société. Nous pensons, qu’avec tout ce qui a été mis en place, nous parviendrons à diffuser un message en faveur d’un islam citoyen et respectueux du vivre-ensemble.»
Koen Geens était également présent à la présentation de ces nouveaux projets. Le ministre de la Justice a rappelé «le rôle important que l’Exécutif joue vis-à-vis de la société civile.
Nous vivons des temps difficiles. Chaque nouvelle attaque est un défi pour l’Europe. Je suis en colère contre la haine, mais je continue à croire en la bonté des gens. Nous sommes les mêmes êtres humains, il doit y avoir une tolérance réciproque qui doit être considérée comme une force et non comme de la faiblesse».
L’organisation, c’est avant tout un organisme qui est chargé de la gestion du temporel du culte. Au cours des derniers mois, il a permis la réalisation de plusieurs chantiers: les formations pour les imams qui leur ont permis d’accéder à des cours de langue et de citoyenneté.