Depuis 2005, les prisonniers disposent librement de leur argent, en Belgique. L’administration planche néanmoins sur une révision de la loi. L’idée serait de les aider à mieux réussir leur réinsertion dans la société, en disposant d’un petit pécule une fois leur liberté retrouvée…
La Belgique décidera-t-elle bientôt de confisquer l’argent des détenus ? La chose est en tout cas à l’étude. C’est le ministre de la Justice, Koen Geens (CD&V), qui en a fait l’annonce ce mercredi à la Chambre. Dans son esprit, la mesure n’aurait toutefois rien d’une sanction. Elle s’inscrirait dans le cadre d’une aide à la réinsertion, une fois le condamné sorti de prison. En clair, l’idée est de l’aider à disposer d’un petit pécule qui lui serait bien utile pour se relancer dans la vie, lorsque sa peine est purgée.
« Je considère que pour limiter les risques de récidive, il convient de préparer au mieux la réintégration dans la société » , a notamment indiqué Koen Geens. « L’absence de ressources financières suffisantes représente indéniablement un risque. C’est pourquoi mon administration analyse l’opportunité de la gestion de l’argent des détenus ».
Initialement, le pécule en possession d’un prisonnier était géré par le directeur de la prison. Depuis un arrêté royal de 1965, c’est lui qui décidait quelle somme laisser à chacun. C’était vrai tant pour l’argent en sa possession lors de son arrivée à la prison que pour celui reçu ensuite de la famille ou gagné durant son incarcération.
De 0,62 à 4 euros
Une loi a balayé tout cela, en 2005. Elle stipule désormais qu’un prisonnier peut disposer librement de ses avoirs. L’idée, à l’époque, était de le responsabiliser en lui rendant cette forme de liberté. Cet argent lui est de surcroît évidemment fort utile pour lui permettre d’accéder à la « cantine », ces petits achats par lesquels il améliore son quotidien. L’en priver ne risque-t-il pas d’amplifier le malaise au sein de prisons déjà surpeuplées ? « L’inversion de cette logique doit être réalisée avec la prudence requise » , reconnaît le ministre de la Justice.
On pourrait par exemple s’orienter vers une décision à mi-chemin, laissant le détenu libre de disposer d’une partie de son argent, le solde étant mis de côté en perspective de sa sortie. Ce pécule peut grossir de manière très diverse, derrière les barreaux. Les prisonniers perçoivent, en effet, entre 0,62 et 0,75 euro de l’heure pour une formation qualifiée. Lorsqu’ils exécutent des tâches ménagères, ils reçoivent entre 0,80 et 2 euros par heure. Et s’ils travaillent en atelier pour le compte d’entreprises externes, c’est entre 1,5 et 3 euros, qui peuvent plafonner à 4 euros pour un travail à la pièce.
Christian Carpentier