Pour le ministre de la Justice Koen Geens, le plus important, c’est que le droit de grève soit compatible avec les droits de base du détenu.
Vous avez rencontré les directeurs de prison ce mardi soir. Vous espérez une sortie rapide du conflit ?
Le but est simplement de faire un état des lieux. Je veux voir comment les choses se passent concrètement dans les prisons et leur faire part de mon soutien. Ce sont les principaux acteurs d’une continuité formidable qui est assurée dans les prisons. Ce sont des héros.
L’un d’entre eux, le directeur de la prison de Forest, disait ce matin qu’il y a des rats, des souris et des cafards dans la prison qu’il dirige.
Nous avons effectivement quelques prisons qui sont très vieilles. Il s’agit de Forest et Merksplas. L’objectif est de fermer Forest et de rénover Merksplas. Mais il ne faut pas tout mélanger.
C’est-à-dire ?
Il s’agit ici d’une grève des agents pénitentiaires. Elle ne concerne pas l’état des établissements. Il n’y a pas de lien entre les deux. Je rappelle aussi que la surpopulation carcérale était encore de 24 % il y a quelques années. Elle a été ramenée aujourd’hui à 10 %. Ce n’est pas si mal.
Mais la question des conditions de détention se pose bel et bien…
J’y suis très attentif. Les droits des détenus, c’est très important. J’ai parlé avec le Comité contre la torture pour que ces droits soient préservés et je fais tout pour que ce soit le cas. Ce qui importe, pour ce comité, c’est que le droit de grève soit compatible avec les droits de base du détenu. Cela ne peut être contradictoire. Ils nous demandent une solution. Nous avons un droit moderne quant au droit de base, mais la question de savoir ce qui se passe en cas de grève reste trop floue.
Comment espérez-vous sortir de ce conflit ? Nous en sommes à quinze jours.
Je garde cela secret. Je ne veux pas dévoiler la solution à laquelle je pense.
On dit que le gouvernement fédéral ne vous soutient pas trop dans ce dossier, vous laisse seul aux prises avec ce conflit.
Ce n’est pas vrai. Il y a beaucoup de collégialité avec les autres ministres et l’inverse est vrai aussi. Je suis en contact avec le Premier ministre en permanence. Pour le reste, je suis un grand garçon et je me débrouille. J’ai également l’appui du ministre de la Défense. Je rappelle aussi que j’ai obtenu des marges budgétaires pour faire la proposition de vendredi.
Votre parti n’était pas très chaud pour les militaires dans les rues. Les voici à présent en prison. Vous n’auriez pas préféré éviter cette situation ?
C’est une mesure extrême qu’on peut prendre quand la police n’est pas assez forte. Nous l’avons souligné, c’est une intervention clairement humanitaire et je la conçois comme telle.
BERNARD DEMONTY