Didier Reynders s’est envolé ce mardi pour une visite officielle de trois jours en Turquie, avec Koen Geens, Jan Jambon et Theo Francken. Au menu : migration, coopération policière et terrorisme. Mais aussi atteintes aux droits de l’Homme et à la liberté des journalistes…
Après le Maroc la semaine passée, c’est à Ankara que Jan Jambon (N-VA) et Theo Francken (N-VA) ont posé leurs valises pour un minitrip de trois jours, ce mardi soir. Plus avec Charles Michel cette fois, mais avec le ministre des Affaires étrangères Didier Reynders (MR) et son collègue de la Justice, Koen Geens (CD&V).
Plusieurs de leurs entrevues officielles – qui commenceront ce mercredi – tourneront autour du renforcement de la coopération policière entre nos deux pays. Il y sera aussi question de terrorisme – avec la volonté de mieux croiser les banques de données – mais également de migration.
Plus besoin de vous expliquer pourquoi, dans ce dernier cas. La république turque, dirigée par l’incontournable président Erdogan, est un des éléments clés de la gestion européenne des migrants dont elle est la principale porte d’entrée au sein des 28. Le thème était d’ailleurs au cœur d’un sommet européen qui s’est tenu à Bruxelles ce lundi, et qui n’a pas réussi à dégager de solution.
Formation des imams
Ce sera là le principal menu de Jan Jambon et de Theo Francken. Accompagnés du patron de l’Office des étrangers, Freddy Roosemont, ils veilleront aussi à améliorer l’échange d’informations avec ses homologues locaux, notamment dans la politique de retour. L’Office des étrangers turc est une structure assez jeune et il semble preneur de contacts accrus avec la Belgique.
Le temps fort de Koen Geens, pour sa part, sera sa rencontre avec le président du Diyanet, qui s’occupe des affaires religieuses. L’intérêt, pour la Belgique, est de nourrir ses projets de gestion et de formation des imams. C’est aussi de chercher des idées pour impliquer le mieux possible la population musulmane dans sa lutte contre le radicalisme.
Mais la délégation belge n’évitera pas non plus les sujets qui fâchent. Didier Reynders et Koen Geens ont ainsi prévu de présider une table ronde, ce mercredi soir. Au menu : rien moins que la délicate question des droits de l’homme et de la liberté de la presse.
Liberté
Le sujet reste plus que sensible ici. Pas plus tard que samedi dernier, le gouvernement turc reprenait dans la violence le contrôle du quotidien « Zaman ». Fort de ses 650.000 exemplaires, le journal fondé par un groupe d’intellectuels en 1986 était jusqu’alors le premier tirage du pays. Depuis dimanche, il s’est vu imposer un changement radical de ligne. Lui qui ne s’était jamais montré tendre envers le président Erdogan – provoquant même l’arrestation de plusieurs de ses journalistes voici deux ans – il est aujourd’hui qualifié à Ankara de « feuille de chou à la solde du pouvoir ». Le comble de la honte, dans cette contrée où les droits de l’homme, comme ceux des journalistes, sont encore trop régulièrement bafoués.
L’Europe – à laquelle la Turquie tente en vain d’adhérer depuis 1987 – se contente de réagir à tout cela avec modération. C’est qu’on ne s’attaque visiblement pas si facilement à un pays qui abrite deux millions et demi de réfugiés fuyant la guerre en Syrie, et qui détient en bonne partie la clé du succès de la politique de l’Union en la matière…