L’affaire Van Eyken prend un tournant politique inattendu. Irrité par les critiques du président Hennart, Koen Geens réclame un audit pour le tribunal de première instance de Bruxelles.
Le ministre de la Justice a demandé, vendredi au cours d’une réunion avec le Conseil supérieur de la Justice, que celui-ci procède à un audit du tribunal de première instance de Bruxelles.
Koen Geens (CD&V) estime que l’organe judiciaire bruxellois pâtit de certains dysfonctionnements et qu’une analyse de la situation doit être réalisée. Une requête qui fait suite à la remise en liberté du député flamand inculpé pour assassinat, Christian Van Eyken. Lequel a bénéficié d’un vice de procédure.
Refusant de blâmer le juge qui a omis de signer le mandat ainsi que son collaborateur trop peu qualifié, le président du tribunal, Luc Hennart, a attribué la bourde au manque de moyens humains – principalement de greffiers – alloués à son tribunal. Une sortie très peu appréciée par Koen Geens, qui s’est empressé de qualifier Luc Hennart de « particulièrement ingrat », lui reprochant de ne pas tenir compte des efforts déployés et des mécanismes mis en place pour faciliter le recrutement de greffiers. « M. Hennart a dit des choses très graves. Alors que nous avons eu de nombreuses conversations avec tous les présidents de tribunaux… », rappelle-t-on au cabinet du ministre de la Justice.
Un audit permettra-t-il de remettre la balle au centre ? « Enfin une bonne idée. Je ne demande que ça ! », réagit Luc Hennart, ajoutant qu’il ne voyait dans la proposition du ministre aucune menace ni mesure de rétorsion. « Tout ce que j’avance est étayé par des documents. Je vais démontrer par A+B que ce que j’annonce correspond à la réalité et qu’il ne s’agit pas d’un problème de management. Si cet audit est mené, toutes les portes sont ouvertes. On ne me prendra pas en défaut par rapport à ça. »
Ce déficit de greffiers serait, selon le président du tribunal de première instance, notamment imputable au manque d’attractivité de la fonction et à une procédure de recrutement qui ne rencontre pas les besoins réels de la justice. « Il faut remplir le cadre », poursuit-il avant de décocher une nouvelle flèche. « Et ce n’est pas Luc Hennart avec son mauvais caractère qui le dit, c’est la loi ! »
Jeudi, la N-VA a réclamé l’ouverture d’un dossier disciplinaire à charge du juge d’instruction en charge du dossier Van Eyken. « L’image de la justice en prend à nouveau un coup », s’est indignée la députée fédérale Sophie De Wit (N-VA). Koen Geens a déjà répondu qu’il n’est pas compétent en matière disciplinaire. Vendredi, cette piste n’était toujours pas à l’ordre du jour, confirme-t-on au cabinet Geens.