Une aile de la prison pour les détenus radicalisés

le jeudi 03 décembre 2015 08:47 La Libre Belgique


La décision avait été prise au début de l'année par le ministre de la Justice, Koen Geens (CD&V), mais, au lendemain des attentats de Paris, elle revient sur le devant de la scène. Dès le mois de janvier, la prison d'Ittre – mais également celle d'Hasselt – accueillera une section entièrement consacrée aux détenus radicalisés. Au total, une vingtaine de cellules seront ainsi entièrement dédiées à ces détenus. Ce qui peut générer quelques craintes auprès des citoyens de la commune.

Des craintes relayées en commission conjointe de la Justice et de l'Intérieur par les parlementaires francophones Eric Thiébaut – qui se faisait la voix du Wavrien Stéphane Crusnière (PS) –, Gilles Vanden Burre (Ecolo) et Philippe Goffin (MR). "Le choix de la prison d'Ittre est un choix assez naturel , justifie le ministre . Nous avions besoin d'une infrastructure permettant d'isoler ces détenus des autres, mais permettant aussi la mise en place d'un programme spécifique axé sur le désengagement. De plus, cette infrastructure devait être disponible sous bref délai."

Selon le ministre, la prison d'Ittre répondrait à l'ensemble des besoins permettant d'inverser le processus de radicalisation des détenus. "La section utilisée était originellement destinée à devenir une section à sécurité renforcée, mais le projet a été modifié."

Aujourd'hui, certains s'inquiètent de la sécurité de l'établissement pénitentiaire. Et s'imaginent déjà que des djihadistes puissent venir l'attaquer pour libérer les détenus radicalisés. "J'entends les inquiétudes quant au risque qu'implique la concentration des détenus au sein de ces sections spécialisées, mais ces sections ne sont qu'un dernier recours pour les détenus dont le processus de radicalisation nécessite un accompagnement spécifique."

Des formations pour le personnel

Ceux-ci recevront en effet un suivi individualisé. "La coordination générale du screening des détenus sera assurée par le service psychosocial central de la direction générale des établissements pénitentiaires. Il transmettra un rapport avec avis à la direction régionale via la direction locale. La décision finale de placement en section spécialisée sera de la compétence de la direction régionale. De manière générale, les parcours de détention seront adaptés à chaque détenu pris individuellement et tiendront compte des risques et besoins spécifiques. Il n'y aura pas de régime standard pour ces détenus radicalisés mais une approche la plus individualisée possible."

Un suivi qui nécessitera des formations spécifiques pour personnel pénitentiaire. "Il va de soi que l'ensemble du système nécessite du personnel spécifiquement formé à cette problématique,
termine Koen Geens
. Il sera fait appel aux volontaires internes à la prison, qui suivront tous une formation spécialisée. Des formations sont d'ailleurs déjà en cours."

Les premiers détenus pourraient être accueillis dans la nouvelle aile à partir du mois de janvier.