Koen Geens (CD&V), le ministre de la Justice, était l'invité des Décodeurs ce dimanche. Baudouin Remy l'a interrogé sur l'évolution de l'enquête. Le niveau de la menace terroriste est passé à 4. Ce rehaussement a poussé le gouvernement à prendre des mesures.
Le niveau d'alerte terroriste est passé à son maximum pour des raisons simples, selon le ministre : "Les enquêtes en cours donnaient des indications qui le justifiaient. Il est évident qu'on recherche des personnes déterminées dans tous les pays de l'Europe, entre autres en France et en Belgique. Mais je ne peux pas confirmer les identités des personnes en question. Je ne veux pas et si je pouvais, je ne le ferais pas en tout état de cause. On est au courant de certaines identités parce que je suis le ministre de la Justice."
"On ne va peut-être pas maintenir les mesures dans l'état actuel"
La question est sur toutes les lèvres : que va-t-il se passer demain lundi ? Si le risque disparaît, est-ce qu'on passe à un niveau de menace inférieur ? Ou autrement dit : va-t-on garder un niveau 4 tant qu'on n'a pas arrêté ces personnes ? "Oui, mais on ne va pas nécessairement maintenir les mesures dans l'état actuel. Parce que les capacités policières et militaires se seront adaptées lors du week-end. On prendra une nouvelle décision cet après-midi par rapport au niveau de menace mais aussi par rapport aux mesures à tenir" précise Koens Geens. Tout en justifiant que "le gouvernement n'est pas maître du jeu" : c'est l'OCAM (l'Organe de coordination pour l'analyse de la menace) qui décide de manière autonome le degré de menace et le centre de crise qui décide de manière autonome les mesures à prendre.
Musculation
Le ministre de la Justice assure que dans le contexte actuel, le gouvernement devait prendre ses responsabilités : "Ce n'est pas une question de montrer ses muscles, c'est surtout une question d'être efficace dans les circonstances qui nous menacent". Le week-end a permis de faire du progrès dans l'enquête, estime le ministre.
"Quelqu'un qu'on a loupé"
Est-ce un échec de la Sûreté de l'Etat ? Pour le représentant du CD&V : "C'est une faute collective ou une erreur collective. Il n'est pas seulement question de la Belgique", tout comme dans le cadre des attentats du 11 septembre, de Madrid, de Londres et de Paris. "C'est nécessairement quelqu'un que beaucoup de gens, dans beaucoup de pays ont loupé."
Contrôles renforcés
Les noms de ces terroristes étaient bien présents dans le système de contrôle des passagers de l'espace Schengen. Bilal Hadfi, un des terroristes qui s'est fait exploser aux alentours du stade de France à Paris, a par exemple été contrôlé à l'extérieur des frontières, "mais on l'a laissé aller". Un contrôle de tous les citoyens devrait être instauré aux frontières extérieures de l'espace Schengen.
Case prison
Les personnes qui rentrent de Syrie seront-elles réellement incarcérées à leur retour ? "On va inciter davantage les services judiciaires, qui restent autonomes, de prendre leurs responsabilités." Mais le passage automatique en prison ne peut se faire que si les services judiciaires le décident. Deux ailes leur seront réservées: une à Hasselt et une à Ittre. "A l'heure actuelle, la détention préventive, qui peut se faire avec un bracelet électronique est sans doute la manière la plus efficace".
Volet préventif
Le ministre CD&V soutient les propositions du gouvernement fédéral : "Nous devons prendre toutes les mesures qui s'imposent, notamment par rapport à ceux qui sont en train de se radicaliser de façon préventive et si nécessaire de façon répressive". Koen Geens ne veut pas négliger le volet préventif : "Nos cellules locales doivent davantage se professionnaliser. Les services préventifs et répressifs doivent collaborer."
Et d'appeler à la lecture du Coran à la lumière de la modernité. C'est en tout cas ce que le ministre de la Justice compte dire à l'exécutif musulmans de Belgique, dans les jours qui viennent.
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