La Sûreté de l'État réorganisera son service externe dès le 1er septembre pour se concentrer comme jamais auparavant sur les menaces des radicalistes et des terroristes. Le service recrutera 40 agents supplémentaires.
Lars Bové
Parmi les milliers de messages qui déferlent des services de renseignement étrangers depuis l'éclatement de la crise syrienne, il y en avait sans doute un qui concernait Ayoub El Khazzani. Malgré tout, le jeune Marocain de 25 ans a réussi à passer au travers des mailles du filet et vendredi, il a failli commettre un massacre dans le Thalys qui relie Amsterdam à Paris. Pour mieux gérer le flux d'informations, la Sûreté de l'État se lancera dès le mardi 1er septembre dans une réorganisation approfondie. Son porte-parole confirme: "Le plan d'action 2015 de la Sûreté de l'État a été approuvé par le Conseil national de sécurité (qui regroupe les membres du gouvernement et les patrons des principaux services de sécurité, NDLR). Sur la base de ce plan, des décisions ont été prises par la direction de la Sûreté de l'État concernant son organisation" , a-t-il indiqué.
Le "service externe" de la Sûreté, qui collecte des informations sur le terrain, s'enrichira de deux nouveaux services qui s'occuperont de "radicalisme" et de "terrorisme". Conséquence de ce recentrage: les autres menaces telles que les sectes et l'espionnage industriel se retrouveront à l'arrière-plan. Il n'y aura plus d'équipe dédiée à l'espionnage industriel, mais tous les départements devront s'en occuper à leur niveau. Dans le domaine du contre-espionnage, la Sûreté de l'État a prévu des départements séparés. L'augmentation des cyber-attaques n'a pas non plus été oubliée. Le service d'analyse de la Sûreté de l'État n'est pas concerné par la restructuration.
La Sûreté de l'État, qui employait exactement 568,1 "équivalents temps plein" au début de l'année, a reçu du ministre de la Justice Koen Geens (CD&V) l'autorisation de recruter: "J'ai donné le feu vert à la Sûreté de l'État pour le recrutement de 40 agents opérationnels dès cet automne. Ils seront affectés à des missions de renseignement. Il s'agit de 30 inspecteurs et de 10 analystes" , a précisé Geens. Qui souligne que la décision avait été prise avant les événements de la semaine dernière. "Par ailleurs, 23 inspecteurs qui font actuellement partie du service de Protection des personnes (qui protègent les hommes d'État et autres VIP, NDLR), viendront renforcer les équipes de renseignement à partir du 1 er janvier." Ces 23 inspecteurs seront principalement affectés aux bureaux provinciaux de la Sûreté de l'État. Geens souligne qu'il a également obtenu un budget pour améliorer les installations du service, ce qui devrait permettre d'identifier plus rapidement les candidats à la radicalisation, les terroristes et autres "targets".
Nomination
Un autre changement non négligeable prévu pour le 1er septembre concerne le management. Depuis le mois d'avril 2014, Jaak Raes et son adjoint Pascal Petry dirigent la Sûreté de l'État. Ce mardi, Hugues Brulin rejoindra la tête de l'institution pour occuper pendant cinq ans le poste de "directeur d'encadrement", une fonction nouvellement créée.
La Sûreté de l'État était depuis longtemps à la recherche d'un spécialiste pour gérer le département du personnel. Mais la nomination de Brulin semble trouver son inspiration dans le monde politique. L'homme est un conseiller du ministre MR Didier Reynders, et cette nouvelle fonction semble avoir été créée sur mesure. Car l'administrateur général est étiqueté CD&V et son adjoint était le conseiller en sécurité de l'ancien premier ministre Elio Di Rupo (PS).
La Commission des Affaires Étrangères de la Chambre se réunira lundi pour discuter de l'attentat manqué.
Geens a également fait savoir que le "comité de coordination pour la lutte contre le trafic d'armes", qui avait disparu des radars en 2003, devrait à nouveau se réunir pour s'attaquer à ce problème