J'espère que l'Europe, comme avec les crises bancaires, n'aura pas besoin d'une deuxième crise pour prendre les bonnes mesures, a commenté le ministre de la Justice Koen Geens à l'issue du volet Justice du conseil informel Justice et Affaires intérieures organisé à Riga.
Si les ministres n'ont pas "parlé de mesures concrètes" vendredi matin, la réunion a été l'occasion d'un échange de vues sur le terrorisme et la coopération entre les différents pays européens. "Ce que nous avons pu empêcher à Bruxelles est le fruit d'une intense coopération européenne", a rappelé Koen Geens. "Ce matin, nous avons parlé de ce que la coopération au niveau européen pourrait encore apporter à la lutte contre le terrorisme".
Il s'agirait notamment de trouver une définition du terrorisme qui soit commune aux 28 Etats membres de l'Union européenne, afin d'éviter des "inégalités de procédures" entre pays, selon le coordinateur européen pour la lutte contre le terrorisme, Gilles de Kerchove. "Nous sommes certainement preneurs d'un accord sur ce point", a commenté le ministre de la Justice, alors que le gouvernement s'apprête à examiner des projets de loi visant à élargir la notion de terrorisme au "voyage à des fins terroristes" et à alourdir les peines y afférant. "Mieux vaut prévenir que guérir", constate le ministre. Les pays européens les plus touchés par le problème des jeunes partis combattre en Syrie ou en Irak ont souligné l'importance de la collaboration européenne au niveau d'Europol, pour la collecte de l'information, et d'Eurojust, pour organiser cette récolte conformément aux principes de l'Etat de droit, a poursuivi le ministre. "Nous avons créé un espace de liberté de circulation en Europe, d'où l'importance, maintenant, de s'échanger les informations", a pour sa part plaidé la ministre française de la Justice Christiane Taubira.
"J'espère que l'Europe, comme avec les crises bancaires, n'aura pas besoin d'une deuxième crise pour prendre les bonnes mesures", a conclu Koen Geens. La réunion s'est aussi penchée sur l'extension du champ de la directive sur la protection des données, un dossier assez lié à celui du PNR (Passenger Name Record) discuté hier par les ministres de l'Intérieur, a reconnu Christiane Taubira. Celle-ci s'est dite confiante dans la possibilité d'aboutir à un nouveau règlement et une nouvelle directive "sous présidence lettonne (donc avant le 1er juillet 2015, ndlr) ou au pire sous présidence luxembourgeoise". "La difficulté, c'est d'arriver à trouver le bon niveau de protection des données personnelles", a-t-elle commenté vendredi midi. Le système PNR, porté par la Commission depuis 2011, permettrait de détecter les schémas de vol et les voyageurs suspects. Il se heurte à la réticence de députés européens, qui craignent qu'il mette à mal les droits fondamentaux des citoyens.