La concertation entre les syndicats et le ministre de la Justice a débouché sur un accord. Il était temps: les détenus, comme les policiers appelés à remplacer les gardiens commençaient à perdre patience. Plus qu'une trêve de Noël, c'est une réelle accalmie qui s'annonce. Mardi, un accord a été trouvé ...
La concertation entre les syndicats et le ministre de la Justice a débouché sur un accord.
Il était temps: les détenus, comme les policiers appelés à remplacer les gardiens commençaient à perdre patience.
Plus qu'une trêve de Noël, c'est une réelle accalmie qui s'annonce. Mardi, un accord a été trouvé au terme de la réunion entre le front commun syndical du secteur prison et le ministre de la Justice, Koen Geens. « Nous avions fixé une ligne verte à ne pas dépasser et nous avons obtenu satisfaction» , se réjouit Serge De Prez, secrétaire permanent CSC-Service Public. « À savoir: ne pas toucher aux primes personnelles existantes, aucun licenciement sec, ne compter que sur les départs personnels pour réduire les effectifs et, enfin, le renouvellement des CDD ».
Plus tôt dans la matinée, l'ensemble des agents pénitentiaires affiliés à la CSC s'étaient croisés les bras tandis qu'à Ittre, c'est presque l'entièreté du personnel qui, depuis une semaine, faisait défaut. Inquiets d'un projet de modification des horaires dans les prisons, le personnel d'Ittre avait décidé d'assurer seulement un service de sécurité avant de débuter, mercredi dernier, une grève spontanée.
Au cours de la rencontre de ce mardi, d'autres pistes permettant de réaliser des économies budgétaires ont été avancées. Notamment la fin de la collaboration avec la prison de Tilburg, aux Pays-Bas. « Un détenu placé à Tilburg coûte 3 à 4 fois plus cher qu'un détenu incarcéré en Belgique, soit 32 millions par an pendant cinq ans. Alors que, d'un autre côté, la prison de Leuze, qui coûte 12 millions par an, est quasiment vide faute d'agents pour surveiller les détenus. Or, le gouvernement dit avoir besoin de 45 millions par an. En ramenant les détenus de Tilburg en Belgique, certes, on n'atteindra pas les 45 millions nécessaires mais, au moins, on prend l'argent là où les dépenses ont un impact réel sur le budget », poursuit Serge De Prez. Des arguments qui ont fait mouche puisque le ministre de la Justice consent à explorer cette piste.
«Pas formés pour ça»
Si les gardiens ont obtenu satisfaction, il en est d'autres qui poussent un ouf de soulagement. Contraints de suppléer à l'absence des surveillants qui ont déserté les couloirs de l'établissement pénitentiaire d'Ittre, les policiers de la zone Ouest Brabant Wallon commençaient sérieusement à s'impatienter.
« Nos policiers en ont ras le bol. Pourtant, ils font ce qu'ils peuvent pour assurer l'encadrement des douches, les sorties préau et des appels téléphoniques. Mais ils ne sont pas assez nombreux et pas assez formés pour que les visites des familles puissent être autorisées. Dans l'état actuel des choses, ce serait bien trop risqué », estime le bourgmestre d'Ittre, Ferdinand Jolly qui, mardi soir, se disait soulagé que les syndicats et le ministre aient pu trouver un terrain d'entente. « Je pense qu'ils se sont rendu compte que la situation était intenable et qu'il fallait permettre aux familles de détenus de reprendre les visites ». D'autant que la zone de police, qui compte parmi ses missions non seulement la surveillance extérieure de la prison d'Ittre mais aussi de l'IPPJ de Braine-le-Château, ne bénéficie pas d'un renforcement d'effectifs prévu dans ce que l'on appelle «la norme KUL», établie en 2001, soit une clé de répartition des moyens financiers alloués aux zones en fonction de l'ampleur ou de la spécificité de leurs missions. Oui mais voilà, Ittre ayant été construite après 2001, elle n'a pas été prise en compte dans le calcul. Pas plus que l'extension de l'IPPJ de Braine-le-Château sur la commune de Wauthier-Braine. Une réévaluation de la norme KUL a déjà été évoquée mais le projet dort, semble-t-il, dans les cartons.
« Ce que nous attendons aujourd'hui, ce n'est pas une nouvelle norme KUL mais une nouvelle loi de financement qui tienne compte des besoins réels des zones de police », estime pour sa part Fabrice Discry, porte-parole du Syndicat National du personnel de Police et de Sécurité.
Le SNPS qui avait appelé au «non-remplacement» des gardiens dans les prisons et les centres fermés en cas de grève, argumentant que les policiers ne sont ni disponibles, ni formés pour assumer ces tâches. « Nous sommes évidemment soulagés de la tournure que prennent les événements. Cet appel au non-remplacement des gardiens était un ultime combat ». Les policiers de la zone de police Ouest Brabant Wallon assureront la transition mercredi pour un retour «en douceur» des agents entre les murs. Ils devraient être de retour sur le terrain dès jeudi.
LUDIVINE PONCIAU