Un tel coup dur va évidemment plomber la capacité de la banque à générer des profits, et donc des dividendes. Pourtant, le ministre des Finances en affaires courantes, Koen Geens (CD&V) reste confiant et reste persuadé que le dividende de 2014 ne sera pas affecté.
"La banque prévoit que pour 2014, le dividende va être du même niveau que 2013, c’est-à-dire 1,5€ par action. Pour l’Etat belge, ça représente un revenu de 186 millions pour 2014", avance Koen Geens, visiblement serein, au micro de La Première.
"Je ne crois pas que ce revenu va chuter fortement à l’avenir", a poursuivi le ministre. "Je crois que les moyens de BNP et ses provisions sont suffisants pour survivre à ce malheur et je n’ai pas peur pour sa capacité de générer des profits à l’avenir au vu de sa solidité. Tout dépendra du marché et des circonstances internationales mais en principe, BNP devrait connaître un avenir prospère", prédit Koen Geens.
La banque avait déjà provisionné 798 millions d'euros pour faire face à ce litige. Elle a néanmoins indiqué s'attendre à ce que son ratio de fonds propres "dur" (fonds propres mis en réserve rapportés aux crédits consentis) soit "de l'ordre de 10%" au 30 juin, conformément à son plan stratégique. BNP Paribas a ajouté n'anticiper "aucune incidence sur sa capacité opérationnelle ou commerciale" à répondre aux besoins de la "quasi-totalité" de ses clients.
Interrogé par la RTBF, Max Jadot, CEO de BNP Paribas Fortis se veut aussi rassurant : l’amende "aura un impact très limité. BNP Paribas Fortis est une banque solide, l’Etat qui est actionnaire du groupe BNP Paribas aura son dividende comme l’année passée. J’estime pouvoir rassurer les clients et les collaborateurs sur les conséquences de cette importante opération. Il n’y aura pas d’impact au niveau financier, mais le fait qu’on parle de nous dans ce genre de dossier est un élément important de notre gestion journalière. Les banques font partie des éléments où on regarde avec intérêt tout ce qui est confiance ou réputation".
"Aucun risque pour le traité transatlantique"
Cette situation ne fait pas peser de "risques" sur les négociations commerciales entre UE et USA, a affirmé la secrétaire d'Etat française au Commerce extérieur, Fleur Pellerin.
Ces sanctions empêcheront notamment la banque d'effectuer certaines opérations de compensation en dollars pendant toute l'année 2015, sur le pétrole et le gaz, mais celle-ci a précisé dans un communiqué qu'elle ferait appel à une banque tierce pour la suppléer.
"Toutes les mesures nécessaires sont prises pour assurer une transition sans difficulté et éviter tout impact significatif pour les clients concernés", insiste-t-elle. BNP Paribas annonce par ailleurs, dans son communiqué, la création d'un nouveau département, baptisé "Sécurité Financière Groupe aux Etats-Unis", qui sera localisé à New York et aura pour mission de "veiller à ce que BNP Paribas respecte dans le monde entier les réglementations des Etats-Unis relatives aux sanctions internationales et aux embargos".
La totalité des flux en dollars du Groupe BNP Paribas sera à terme traitée et contrôlée par la succursale de New York. L'administrateur directeur général de BNP Paribas, Jean-Laurent Bonnafé, a exprimé les regrets de la banque "pour ces erreurs passées".
Pas un problème pour le Traité transatlantique
L'amende de 8,9 milliards de dollars infligée à la banque française BNP Paribas ne fait pas peser de "risques" sur les négociations commerciales entre l'Union européenne et les Etats-Unis, a affirmé la secrétaire d'Etat française au Commerce extérieur, Fleur Pellerin.
"Il n'y a ni risque ni lien" entre cette pénalité et les discussions transatlantiques, a-t-elle affirmé à la presse à Washington, où elle a notamment rencontré son homologue américain Michael Froman. Dimanche, le ministre français de l'Economie Arnaud Montebourg avait estimé que les négociations transatlantiques allaient se "durcir" si la sanction contre BNP Paribas n'était pas "équilibrée". Les autorités américaines ont finalement infligé une amende record de 8,9 milliards de dollars à la banque française qui a plaidé coupable d'avoir violé des embargos américains contre Cuba, l'Iran et le Soudan.
Selon Mme Pellerin, le gouvernement français a simplement voulu souligner que le traité transatlantique, qui vise à créer la plus grande zone de libre-échange au monde, devait se négocier "d'égal à égal" et dans un "climat de confiance". "S'il y a application unilatérale, s'il y a des décisions qui mettent en cause de manière disproportionnée des acteurs d'un côté ou de l'autre, on n'est plus dans un climat serein pour négocier", a-t-elle détaillé. Interrogée sur le point de savoir si le climat était désormais "serein", la secrétaire d'Etat a toutefois gardé le silence. Les Etats-Unis et l'UE négocient depuis près d'un an un vaste accord commercial qui vise principalement à harmoniser les normes de part et d'autre de l'Atlantique et suscitent des craintes d'une dérégulation généralisée.
RTBF avec agences